Hervé Douchy

violoncelle

À l’issue de sa formation au conservatoire de Bruxelles, Hervé Douchy trouve son premier emploi dans l’Orchestre Symphonique de la RTBF. C’est la rencontre déterminante avec Sigiswald Kuijken qui l’oriente vers la pratique du violoncelle historique qu’il étudie avec Hidemi Susuki.
Il mène une carrière de musicien concertiste free-lance qui le fait jouer avec de nombreux ensembles belges et étrangers : La Petite Bande, La Cetra d’Orféo, Il Gardelino, La Pastorella, Le Concert Royal, Akademia, Le Poème harmonique, Les Sonadori (consort de violon renaissance)….et bien sûr les Agrémens comme membre fondateur et avec lequel il participe pendant presque 20 ans à de nombreux concerts, tournées et enregistrements. Sa collaboration intense avec Guy Van Waas, notamment avec les Agrémens, lui ouvre les portes de l’enseignement supérieur. D’abord au conservatoire Mons où il enseigne la musique de chambre et ensuite à Bruxelles pour le violoncelle baroque.
Sa rencontre avec Marc Vanscheeuwijck (University of Oregon) sera déterminante pour l’ouverture de sa classe de violoncelle vers la recherche au service de la pratique. Cela se traduit notamment par l’usage de plusieurs types d’instruments (basses de violon, violoncelli), joués dans différentes positions (assis ou debout, en procession, avec une tenue archet main en dessous) et avec de nombreux accords à 4 ou 5 cordes. Il joue sur des instruments historiques, mais aussi sur des instruments du luthier bruxellois Pierre Van Engeland avec qui il collabore étroitement depuis plus de 25 ans. Il réalise une démarche semblable avec l’archetier Jérôme Gastaldo. Depuis 2011, il joue très régulièrement les suites de Bach en concert. En 2018, il est à l’origine du colloque « Bach et la transcendance » organisé par l’Université de Louvain-La-Neuve.

Ce sont clairement les rencontres qui orientent la vie professionnelle d’Hervé Douchy jusqu’à ce jour. C’est au contact de musiciens plus âgés, de collègues, mais aussi d’étudiants que se développent ses choix dans sa pratique musicale et son enseignement, constamment remis en question.
Il fait sienne cette réflexion de Lydia Goehr : « … garder les yeux ouverts sur la nature intrinsèquement critique et révisable de nos concepts. Plus important encore, elle nous aide à surmonter ce désir profondément enraciné de détenir la plus dangereuse des croyances, à savoir que nous avons toujours eu des pratiques absolument correctes » Performance Practice : Issues and Approaches de Christina Kyprianides, 2009

Démarche personnelle

Comme projet de recherche actuel, la classe de violoncelle baroque du CrB élabore une méthode structurée autour de trois pratiques historiques des XVIIe et XVIIIe siècles adaptés au violoncelle : la Basse Continue, l’Ornementation et la Rhétorique.
Aujourd’hui, le métier d’un violoncelliste formé aux instruments historiques est principalement de jouer la basse continue des partitions des XVIIe et XVIIIe siècles, au même titre que les autres instruments de la basse continue que sont le clavecin, l’orgue, le luth, le théorbe ou la viole de gambe. Son travail consiste à doubler la ligne de basse alors que d’autres instruments, tels que le clavecin ou le luth, produisent des réalisations harmoniques de cette basse. La recherche de ces 20 dernières années, notamment celle réalisée autour des conservatoires napolitains du début du XVIIIe siècle, a montré que le violoncelle pouvait lui aussi « réaliser » cette basse continue à plusieurs voix. Cette information récente donne au violoncelliste une fonction élargie par rapport à celle qui lui était attribuée jusqu’à aujourd’hui : celle de produire une réalisation harmonique qui induit une conduite des voix et suggère des lignes mélodiques.
Ces lignes mélodiques, issues de ces réalisations, nécessitent une ornementation qui intègre les principes de la rhétorique et qui s’adapte au « bon goût » du lieu et de l’époque. Cette pratique de basse continue au violoncelle, qui allie la réalisation harmonique, l’improvisation et la rhétorique contextualisée, s’est éteinte au milieu du XIXe siècle, lorsque l’évolution de la musique a orienté la pratique du violoncelle vers une seule ligne mélodique totalement écrite.
Depuis le début des années 2000, de nombreux chercheurs ont publié des articles scientifiques sur le sujet de la basse continue au violoncelle, mais aucun n’a conçu à ce jour un outil permettant de transférer ces techniques dans la perspective d’une pratique d’un musicien professionnel contemporain. C’est pourquoi nous avons créé une équipe de recherche pratique pour concevoir et produire un outil qui nous permettra de revenir à ces pratiques historiques. La réalisation de ces volets spécifiques demande des compétences particulières, tant pour la recherche que pour la pratique instrumentale.
C’est pourquoi nous avons confié la réalisation des deux premiers volets à d’anciens étudiants brillants, Valentin Bajou et Pierre Beaubatie. Le troisième a été confié à Marc Vanscheeuwijck. Tous trois sont enseignants dans la classe de violoncelle baroque du CrB. La notoriété internationale de Marc Vanscheeuwijck, reconnu comme un des meilleurs experts du violoncelle ancien, apporte un crédit supplémentaire à cette recherche et la garantie d’une plus large diffusion.

Le 29 avril 2023, un premier symposium mondial a été organisé par le CrB sur le sujet de la Basse Continue au violoncelle. Ce symposium, qui a réuni 80 violoncellistes baroques, étudiants et enseignants, a permis de présenter le premier volet de la méthode. Suite au succès de cette présentation, le CrB a ouvert un post master de Basse Continue au violoncelle.
Un nouveau symposium est prévu au printemps 2025. À dater de juin 2025, cette recherche fera l’objet d’une édition papier et d’une édition numérique. L’édition papier, couplée d’une version PDF, sera bilingue français-anglais. Elle sera associée à une application pratique pour iOS et Android qui offrira à l’utilisateur un outil innovant pour l’étude et la pratique des techniques telles que développées dans la recherche.